Par tweets interposés, Michel-Edouard Leclerc et le député LaREM Jean-Baptiste Moreau se sont interpellés au sujet de l’adoption par l’Assemblée nationale de la proposition de loi “relative à la transparence de l’information sur les produits alimentaires” qui interdit, dès à présent, de dénommer “steak” des produits d’origine végétale c’est à dire non carnés.
Adoptée le 17 mai par une majorité de députés, la loi interdit aux produits fabriqués avec des protéines végétales d’utiliser des dénominations utilisées pour les denrées alimentaires d’origine animale. Si la décision est loin de créer le consensus parmi les industriels et distributeurs, un tweet de Michel-Edouard Leclerc semble avoir mis le feu aux poudres. Le président de E.Leclerc, très actif sur les réseaux sociaux, s’est opposé à cette décision en s’interrogeant sur la généralisation d’une telle interdiction à d’autres produits. Il n’en fallait pas moins pour déclencher la colère d’un parlementaire LaREM très impliqué dans la préparation du texte, l’agriculteur Jean-Baptiste Moreau. Débute alors une passe d’armes, par tweets interposés, entre les deux hommes.
L’adoption de la loi, critiquée par Michel-Edouard Leclerc
Les députés ont décidé que l’appellation #steak sera réservée aux produits carnés. Reste à savoir s’il on va généraliser : une saucisse de poisson ne pourra plus s’appeler « saucisse » ? Un lait cosmétique ne pourra plus s’appeler « lait » ? Etc… pic.twitter.com/C0up1pCrBs
— Michel-Edouard Leclerc (@Leclerc_MEL) June 17, 2020
Comme précisé par le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, la loi “interdit désormais l’emploi des dénominations utilisées pour désigner les denrées alimentaires d’origine animale, pour décrire, commercialiser et promouvoir les denrées alimentaires contenant des protéines végétales, au-delà d’un seuil qui sera fixé par décret”. Elle réserve donc l’utilisation du terme “steak” aux produits “carnés”.
Ce que dénonce, en substance, Michel-Edouard Leclerc, dans une publication Twitter en date du mercredi 17 juin. Il s’interroge ainsi sur la restriction de l’usage des appellations “saucisse” ou “lait” pour d’autres produits comme le poisson ou les produits cosmétiques.
Une manière de critiquer la mesure alors qu’elle peut apparaître comme pénalisante d’un point de vue marketing pour certains distributeurs et industriels. Néanmoins, cette critique à peine voilée contre l’adoption définitive de la loi ne semble pas être du goût de Jean-Baptiste Moreau, qui lui a frontalement répondu.
Jean-Baptiste Moreau interpelle Michel-Edouard Leclerc sur la composition des produits vendus dans son enseigne
Ce qui vous gêne @Leclerc_MEL c’est que vous ne pourrez plus appeler steak , vos steak hachés premier prix qui ne contiennent bien souvent que 40% de viande et qui font que le prix payé aux éleveurs n’a cessé de baisser durant cette crise grâce à votre action bienveillante…
— Jean-Baptiste Moreau (@moreaujb23) June 18, 2020
Le tweet du président de E.Leclerc a suscité l’ire du parlementaire de la majorité présidentielle Jean-Baptiste Moreau. En réponse, il a souligné le malaise dont pourrait faire preuve Michel-Edouard Leclerc face à l’adoption de cette loi. D’autre part, il a attaqué la supposée faible composition en viande des steaks à bas coût vendus par l’enseigne tout en insistant sur la faible rémunération des éleveurs compte tenu des pratiques de E.Leclerc.
Une réaction peu étonnante quand on connaît l’engagement du député sur le sujet. En plus d’être député de la Creuse, il est aussi agriculteur et rapporteur du projet de loi Egalim. À cet égard, il a fait de cette loi un véritable cheval de bataille. Il est notamment attaché à l’une des mesures qui vise à éviter une fraude à la viande. C’est-à-dire empêcher certains à promouvoir un produit comme étant “pur bœuf” alors que celui-ci contient une forte proportion végétale.
Ah ah ! Il y aura toujours plus de viande dans nos steaks (même 1er prix) que de bonne foi dans les tweets de @moreaujb23 ! https://t.co/htfth8a40r pic.twitter.com/2wDVDRnOGq
— Michel-Edouard Leclerc (@Leclerc_MEL) June 18, 2020
Loin de clore la joute verbale, Michel-Edouard Leclerc a renchéri en critiquant la “mauvaise foi” du député Jean-Baptiste Moreau. Cette opposition entre les deux hommes traduit, à elle seule, les frictions qui ont lieu sur le sujet. La filière de la viande végétale ou les associations de protections animale ont d’ores et déjà insisté sur le caractère paradoxal de la loi au regard des bienfaits écologiques de la consommation de produits végans ou végétariens.