Carrefour contre ses franchisés : une bataille judiciaire pour l’autonomie

Carrefour contre ses franchisés : une bataille judiciaire pour l'autonomie

Carrefour, géant de la grande distribution, fait face à une situation inédite en 2025 : une rébellion de ses franchisés. Ce mouvement inattendu secoue les fondations du groupe et soulève des questions cruciales sur l’avenir du modèle de franchise.

Alors que le secteur de la distribution évolue rapidement avec les nouvelles technologies et les attentes changeantes des consommateurs, cette fronde pourrait bien marquer un tournant décisif pour Carrefour. Quels sont les enjeux derrière ce soulèvement ? Comment le groupe compte-t-il répondre à ces défis ? Plongée au cœur d’une crise qui pourrait redéfinir les relations entre Carrefour et ses partenaires franchisés.

Demande d’autonomie des franchisés de Carrefour

Plusieurs franchisés de Carrefour, regroupés au sein de l’Association des Franchisés de Carrefour (AFC), cherchent à obtenir une plus grande autonomie dans l’approvisionnement de leurs magasins. Cette initiative est motivée par des critiques récurrentes concernant les prix élevés imposés par le groupe, qui impactent négativement leurs marges brutes.

L’AFC, représentant 260 magasins et un chiffre d’affaires dépassant 700 millions d’euros, a saisi le tribunal de commerce de Rennes pour contester ces conditions jugées déséquilibrées. Soutenue par le ministère de l’Économie, l’association espère transférer progressivement ses achats vers d’autres distributeurs, avec un objectif ambitieux de 200 millions d’euros en 2027, tout en respectant les contrats existants.

Plan d’approvisionnement progressif de l’AFC

L’Association des Franchisés de Carrefour (AFC) a dévoilé un plan ambitieux visant à diversifier ses sources d’approvisionnement. En partenariat avec un distributeur pour l’acquisition de produits de marques nationales, l’AFC projette de transférer 25 millions d’euros d’achats en 2025, 70 millions en 2026 et atteindre 200 millions en 2027.

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Ce plan s’inscrit dans le cadre contractuel actuel, malgré les tensions persistantes sur les prix pratiqués par Carrefour. De son côté, Carrefour affirme qu’il n’y a pas d’obstacle à ce que les franchisés s’approvisionnent ailleurs, tant que les engagements contractuels sont respectés. Le groupe souligne également ses efforts récents pour réduire les prix sans affecter la rentabilité des franchisés.

Implications judiciaires et position de Carrefour

La bataille judiciaire entre l’AFC et Carrefour s’intensifie, avec le soutien du ministère de l’Économie qui recommande l’annulation de certaines clauses contractuelles jugées déséquilibrées. Une amende potentielle de 200 millions d’euros est également envisagée. Le tribunal de commerce de Rennes doit d’abord statuer sur des vices de forme avant d’examiner le fond du dossier.

Malgré ces défis, Carrefour reste confiant dans la légalité de ses contrats, affirmant que son réseau continue d’attirer de nouveaux franchisés. Cette confiance pourrait être mise à l’épreuve par les décisions judiciaires à venir, mais pour l’instant, le groupe maintient sa stratégie tout en promettant des baisses de prix sans compromettre les marges des franchisés.

Arthur Quentin

Journaliste spécialisé dans la grande distribution et le commerce en ligne. Fort d’une expérience au sein de plusieurs rédactions, il décrypte les tendances de consommation, les stratégies des enseignes et les meilleurs bons plans pour Actu Retail.